Travail du bronze

Voilà une question que l'on me pose souvent : " Comment faites-vous pour travailler le bronze" ?

Bien entendu, je ne travaille pas le bronze. La fonderie est un art difficile, long et méticuleux. Or, bien avant Jésus-Christ, nos ancêtres réalisaient déjà en bronze toutes sortes d’objets, outils, armes. Ils le faisaient si bien qu'on peut encore trouver des pièces de monnaie enfouies dans la terre depuis des siècles et qui n'ont pas rouillé.

Je vais essayer de résumer la longue série d'opérations compliquées que nécessite la réalisation d'un bronze à partir d'une terre cuite, ou tout autre matériau, selon la méthode de la cire perdue.

1 - Réalisation du moule élastomère (matière très élastique qui facilite le démoulage). C’est la prise d’empreinte de l’œuvre originale. Ce moule, en deux parties, recouvertes d'une coque de résine se nomme la chape.  

Les deux parties du moule assemblées on y coulera la cire en fine épaisseur (cette épaisseur correspondra à la fin des opérations à celle du bronze). On obtient une cire creuse. Cette pièce en cire doit être finement retouchée pour reproduire à l'identique la sculpture initiale. Je vous passe la difficile confection des jets et des évents qui vont permettre à la coulée de bronze d'occuper la place de la cire.

Ce moulage en cire va  ensuite être recouvert par coulée d'une gangue de céramique réfractaire.
On obtient le moule carapace.
Le décirage du moule carapace s’effectue au four pour fondre lentement la cire qui est à l'intérieur et l'évacuer, d’où le nom  de "cire perdue".

2 - Coulée du bronze

On prépare alors  l'alliage du bronze dont le dosage est très délicat.

On raconte que le fameux sculpteur Florentin Benvenuto Cellini faisait couler son bronze " Persée et la méduse" tout en dinant lorsque ses ouvriers affolés font irruption: «Maître la fonte est arrêtée !!»
Benvenuto constate que la dose d'étain est insuffisante pour assurer la fluidité du bronze. Sans hésiter il ramasse tous les plats d'étain sur la table et court les jeter dans le bain qui se figeait.  Aussitôt le bronze retrouve sa fluidité. La fonte est sauvée!

Vient enfin la merveilleuse et dangereuse coulée du bronze à plus de 1000 degrés. Dans l'atelier tout le monde retient son souffle dans la fascination pour regarder couler le métal incandescent qui doit être versé d'un seul jet.

Il reste à laisser refroidir et à débarrasser le bronze de sa coque et ses évents (décochage, ébarbage).
3 - Alors commence le travail du ciseleur. Travail long, délicat, difficile, dans lequel le sculpteur peut être emmené à intervenir.
4 - Puis le polissage et la patine. La patine dont dépend l'aspect final du bronze, est à elle seule tout un art. L'action du patineur est aussi mystérieuse que spectaculaire : un pinceau dans la main droite et un chalumeau dans la main gauche, il est le magicien des couleurs.

5 - C'est le moment de
numéroter l'œuvre
. Cette numérotation est règlementée par la loi et permet l'appellation d'œuvre d'art et de pièce originale pour les douze pièces concernées. Elle se pratique ainsi : Huit épreuves
numérotées de 1/8 à 8/8 plus quatre épreuves dites d'artiste numérotées en chiffres romains : I/IV à IV/IV

Lorsque toutes ces opérations auront été menées à bien, le bronze que vous achèterez sera doux et frais à caresser. Il deviendra un plaisir des yeux toujours renouvelé sans oublier que vous aurez réalisé un investissement durable.

Photo de Persée et la méduse :  Wikimedia Commons / Marie-Lan Nguyen
Photo de la coulée de bronze chez mon fondeur Barberi - Gérone

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